jeudi 15 mars 2012

Voyage au Sénégal

Il est vrai que nous n'avons pas mis à jour le blog depuis longtemps ! Je m'en excuse.

Je vais remettre à jour le blog dès que possible.

Pour le moment, je vous donne les dernières nouvelles toutes fraîches!

En effet, Sylvie, Gilbert, Martine R. et Martine M. sont actuellement au Sénégal, au village Thieo !
Ils sont partis pour 2 semaines pour mettre en place plusieurs actions, sortir les objets envoyés dans le contenair, aider les villageois, leurs apporter leurs connaissances, et bien sûr faire un peu de tourisme !!

Sylvie écrit un petit récit de leur aventure au jour le jour, je vous le mets ci-dessous.
On a l'impression d'être avec eux ! Ils vivent une super expérience et nous espéront que l'année prochaine nous seront beaucoup plus nombreux !
Leur présence accélère la vie au village et la mise en place des structures. Mais je vous laisse découvrir tout ca dans le récit de voyage de nos 4 aventuriers courageux, heureux et qui se souviendront de ce voyage à jamais.


Le 05 mars :

Découverte du village par le le groupe. Très bon accueil des villageois. Jumbé danses chants au programme. Présentation des principaux interlocuteurs. Déception pour l'atelier non terminé. Programme de la semaine établi. Martine Robert avec Anna, gilbert en soutien avec le macon pour voir comment faire avançer le chantier. Martine Mithieux rebatisée Amie pour la circonstance se raccroche au groupe et va apporter son aide où on a besoin d'elle. Moi pas en forme tracheite en vue. J'ai prévu une formation de base de gestion pour le gie mais il faudra attendre que je retrouve ma voix ! Particpation de toutes à la fabrication du pain. une assoc américaine a fournie des machines, groupe electogène et fabriqué un four à pain. On a pétrie et mis en boule les futurs pains avec marie et d'autres femmes. Très bon moment d'échanges et de convivialité... Et bien sur aprés dégustation... On a partagé ce bon pain... Beaucoup d'émotion dans cette symbolique du partage. Idem pour le repas de midi (enfin plutôt de 16 h !). Premier repas au village pour le groupe avec partage du même plat le falaux Thieboudien sénégalais. Un peu épicé mais bon : brisure de riz, légumes (carottes, navets, maniok, patate douce,tomate, piments, poissons). Le soir tout le monde est rentré ravi de ce premier contact.
Le retour à l'hôtel a été le bienvenu car nous étions plein de poussière et de terre. Chaleur intense 37°.
Petit hôtel sympa faisant plutôt penser à une pension de famille. Les peids dans l'eau... Mer agitée et un peu fraiche. Chambres simples et décorées à l'africaine. Piscine à l'eau de mer.


Mardi 06mars :

ça y est : je n'ai plus de voix... Visite au dispensaire de sangaré obligatoire... Efferalgant, vitamine c, miel. Et lavande pour tout médicament... J'ai pas la forme du tout ! AMMI est mon porte voix ! Rendez vous le matin avec l'abbé Richard pour essayer d'obtenir le presbytère pour créer la garderie crèche . Personne au rendez vous... I. Il nous a oublié ! On a perdu la matinée et raté le directeur de l'école pour faire le point du jumelage. Enfin on a pu avoir un autre rendez vous pour 15h. On en a profité pour visiter la savonnerie de Sangaré et l'atelier de couture... Bien structuré, bon travail de la part des femmes... Le tout est supervisé par les soeurs. CE qui fait que tout fonctionne mieux car les femmes sont toujours encadrées, formées et soutenues. Nous avons aussi été accueillis par la maternelle.
Beaucoup d'émotions, les enfants ont chanté des chansons en français (ce qui n'est pas leur langue natale car ce sont des Sérères . Le français étant étudié à l'école primaire au niveau du Cm1). Martine a fait plein de photos.
A 14h on a fait une réunion avec André pour récupérer les factures et faire le point sur les dépenses encore à engager pour l'atelier. Il y a eu des erreurs de faites notamment au niveau de la participation du village pour les briques. Ceux ci n'ont pas tenu leur engagement (mais est ce si étonnant ?). Du coup 120 000 FCfa de gaspillé. Le comité va participer en achetant les portes et les fenetres. Le reste du matériel est demandé aux diverses entreprises locales.
15h 45 (on l'a fait à la sénégalaise) entretien avec L'abbé qui nous a donné son accord pour nous laisser le preysbitère pour créer la garderie. Lui doit changer la serrure.
C'est gagné c'est génial. Martine est ravie... Que du bonheur! Au programme nettoyage par la jeunesse, peinture des murs, installation du matériel. Le tout dans la semaine ça va être hard !
Gilbert a fait remblayer le sol de l'atelier avec les gravas locaux à 80 %...on verra la suite demain...
Martine R. a commencé le rangement des médicaments que Violaine, sa fille, avait donnés dans le container. Anna et d'autres femmes ont aidé... Encore plein de moments chaleureux.
Je n'ai pas eu le temps de faire le point sur les cartons du container. Voir si tout est encore là. Certains ont été changé de place... On verra un autre jour car pas en forme du tout.
Demain je reste à l'hôtel, le groupe ira au village sans moi... Dur dur ...très frustrant car j'ai beaucoup de choses à voir avec eux.
Retour à l'hôtel où là encore la douche et la baignade dans la piscine ont été très appréciées... Et surtout les bières et le double wisky pour requinquer le groupe ! Température 41 au village !


Mercredi 07 mars :

j'ai pas bougé de l'hôtel toujours pas la grande forme !
A 13h il y a eu une attaque d'un essein d'abeilles qui a déferlé sur l'hôtel... C'était appocalyptique ! Jai entendu les gens crier et courir. Sans chercher à comprendre je me suis réfugiée dans ma chambre que j'avais eu la bonne idée de laisser ouverte. Sinon le temps que,je,cherche mes clés au fond de mon sac je me serais fait piquer. Les gens étaient recouverts d'abeilles sur le corps et la tête, ils sautaient tout habillés dans la piscine où dans la mer. D'autres s'arrachaient les vêtements...un cauchemar... Pire qu'une rafale de balles !
Heureusement, le groupe est parti ce matin au village pour continuer ce qui a été commencé hier. Il est prévu qu'une demi journée afin de faire un break (car c'est aussi nos vacances !)
Aujourd'hui gilbert a commencé avec le maçon Babacar les pillers de soutennement du toit de l'atelier. Le sol a été fini de remblayer par les jeunes du village.
Nos Martine ont rencontré le directeur de l'école ainsi que les instits. Les courriers de l'école de Villemoirieu ont été transmis. Nous attendons les leurs pour ramener en France. Elles ont ensuite trié les cartons du container, visités quelques personnes du village...
martine R. a continué le rangement des médicaments. Elle a demandé à Anne-Marie (la personne qui garde actuellement les enfants au village) de trouver du monde pour nettoyer le presbytère et faire la peinture. Espérons que ce chantier soit commencé pour demain.
Après-midi visite de Sally pour le groupe sauf moi qui suis de plus en plus mal en point !
Demain 8 mars journée de la femme. nous avons prévu le soir de faire la fête avec les femmes du village. A 19 h nous entrerons en "connection" avec le groupe de femmes d'Heyrieux en France. Nous penserons très fort les unes aux autres pour s'envoyer des messages d'amour et de paix.


Le 08 mars 2012 :

j'ai passé une nuit à ne pas dormir malgré tous les cachets, inhalation et autres plantes... J'ai la tête dans un étau... Il me reste l'hôpital !
Quelle aventure cet hôpital de MBour...voir le médecin a été relativement facile mais ça c'est gâté quand il a fallu me faire une perfusion de dafalgan... Tout une aventure à vous raconter de vive voix car c'était pas triste...l'élève infirmière m'a raté, elle m'a piquée à 2endroits...enfin j'ai un gros bleu au bras...prescription d'antibios, sirop..."au secours Martine (R) vient à mon aide je sers de cobaye"
Après cette aventure les Martine suivies de leur "protecteur"Gilbert sont allées faire les boutiques locales notamment le tailleur où les emplettes ont été bonnes (pour qui ?)... Discussion, négociation...elles se sont bien débrouillées .
A 16 h nous sommes allés au village car aujourd'hui c'est la fête des femmes... Et là tout a été magique... Elles nous attendaient toutes vêtues en habits de fête....un vrai feu d'artifices de couleurs, toutes plus belles les unes que les autres (les femmes)...nous avons toutes les trois été habillées à la Sénégalaise (sur nous c'est assez rigolo !) puis la fête avec les jumbés, chants et danses...
A 19 h nous nous sommes toutes prises par la main et nous avons passé des messages d'amour et de paix pour le groupe de femmes d'heyrieux avec qui je partage des moments d'émotion lors d'un cours de Sandrine et qui faisaient la même chose au même moment... Que d'émotions !...puis nous avons lancé un message de paix et de solidarité à l'ensemble des femmes sur terre... C'était magique...
Puis reprises des danses : les 2 Martine se débrouille très bien à faire le "ventilateur" avec leurs fesses à la manière Sénégalaise (j'ai des photos pour preuve de leur apprentissage !) et Gilbert qui était le seul homme que nous avons accepté (en plus des musiciens) faisait le "coq à la Sénégalaise" et il a très bien dansé...nous avons même fini la soirée en faisant danser le rock aux femmes sur de la musique africaine...génial...elles se sont bien amusées mais ont trouvé cette danse difficile !... C'est ce qu'on appelle l'échange culturel ...
Nous sommes retournés à l'hôtel avec plein d'images dans la tête.
Le presbytère que nous pouvons maintenant appelé Garderie a été nettoyé et repeint sur la demande de Martine R... C'est super, les gens l'ont écoutée et compris qu'elle venait les aider. Il lui font confiance, c'est gagné. Un si bon résultat en 2 jours bravo !
Nous sommes heureux que tout avance positivement. Je suis heureuse de pouvoir faire partager tous ces bons moments d'échanges, de partages et d'émotions à notre petit groupe... J'espère que l'an prochain d'autres se joindront à nous car au village on découvre la vraie Afrique avec ses douleurs, son sous développement mais aussi sa richesse humaine avec de vraies valeurs. Nous sommes des privilégiés car très peu de personnes peuvent vivre ce que nous vivons car il faut en premier se faire accepter, donner confiance... Les Martine peuvent prendre toutes les photos qu'elles veulent alors qu'il y a 8 ans quand je suis venue très peu de personnes acceptaient cela...de peur qu'on leur "vole leur âme".
D'année en année je vois l'évolution....il y a encore beaucoup de choses à faire mais la misère se fait moins ressentir...les hommes travaillent dans les carrières toutes proches ou aux champs et les femmes s'organisent en "petits boulots". Elles attendent l'atelier qui donnera de nombreuses possibilités compte tenu de sa grandeur. Le plus grand de la région. L'école est la seconde de sa région en terme de bons résultats. Le nouvel aéroport va donner au village d'immenses possibilités de développement à condition que les villageois en soient conscients... Ce qui n'est pas le cas pour le moment (sauf quelques personnes). Ils vendent leur terrain pour presque rien à des gens qui vont venir ouvrir des commerces ou créer des activités chez eux...ils se feront "manger". Tout va très vite....trop vite...autour d'eux.


Vendredi 09 mars :

Je revis... Après une bonne nuit de sommeil (malgré le concert de jumbé à l'hôtel ) et 2 antibios, je commence à refaire surface. Ma voix revient.
Ce matin direction le village. J'ai laissé nos 2 Martines avec Anne Marie de la garderie et Anna pour l'installation des jouets, des matelats, des livres...pendant ce temps notre Ammi jouait avec les enfants afin de les canaliser pour ne pas assister au "pillage" de cette nouvelle garderie. Elle s'est vite trouvée submergée par les enfants. Que du bonheur pour tous...Il nous manque encore la serrure que l'Abbé Richard avait promis de mettre depuis mercredi.
Pendant ce temps je suis allée voir la carrière la plus proche (qui est aussi un de mes clients) pour lui demander de fournir gratuitement du ciment et autres matériaux pour finir l'atelier et peut être d'embaucher Pierre, le mari d'Hélène qui nous prépare chaque jour d'excellents repas africains et chez qui je dors quand je viens seule... Elle est adorable... La semaine prochaine je l'emmène acheter des matières premières pour développer son petit commerce, ce sera ma façon de la remercier de son accueil.
Gilbert quant à lui a continué les poteaux...les travaux avancent. Il est prévu de finir une première pièce de l'atelier car il reste du matériel pour ça. C'est mieux que rien en attendant l'achèvement complet...on s'adapte.
Nous sommes allés voir le chef du village que nous avons trouvé avec plusieurs blessures au pied. Martine R. s'est proposé de le soigner...ce qui a été fait ...on se serait cru chez Médecin sans frontière. Les plaies sont plus importantes qu'elles n'y paraissaient et la gangrène n'est pas loin. Le problème des soins et du manque de moyens financiers pour se faire soigner se fait cruellement sentir. L'hôpital est trop cher pour eux (et je sais de quoi je parle !) ce que j'ai dépensé représente 30% de leur salaire mensuel.
Ammi a continué à rencontrer d'autres villageois. Gilbert est allé voir le verger pour se rendre compte des besoins et vérifier si l'olivier que j'avais amené à bien été planté (un essai de culture pas encore faite au Sénegal...arbre méconnu d'eux). Nous avons rencontré Clément (le responsable de la communaité catholique) qui est un très bon menuisier. Malheureusement il a été obligé d'arrêter son métier qu'il exerçait à Dakar, pour un problème de cataracte. Il est donc revenu au village faire de l'agriculture. Je lui ai demandé si ça l'intéressait de former des jeunes au métier et d'ouvrir un petit atelier dans le village. Il a été surpris de mon idée car plusieurs personnes du village lui ont déjà demandé de fabriquer des meubles et il hésitait... Il a réfléchi et au bout d'une demi heure, il m'a répondu texto " jusqu'à présent je dormais maintenant je viens de me réveiller ... J'étais tortue je vais être lièvre...vous venez de me donner le courage de le faire"... Encore un futur projet à suivre...il nous faudra des outils de menuisiers !!! On lui a donné la caisse de menuisiers qu'on avait dans le container ainsi qu'un étau, des planches, un volet...En compensation il fera les portes du placard dans l'atelier des femmes.Il est prévu qu'il monte demain la serrure de la garderie. En attendant il va passer la nuit dans la garderie pour éviter les vols.
Vers 16 h nous sommes rentrés car la fatigue se fait maintenant sentir . Mes globe-trotters du tourisme solidaire ont bien mérité un bon plongeon dans la piscine...Au programme de demain... Visite de la mangrove (un peu de tourisme est indispensable pour connaitre le pays !) et l'après midi match de football inter villages (je suis la marraine de l'équipe de foot, on a pas le choix ) . Je suis contente de faire vivre ce moment au groupe pour qu'il puisse comparer avec les matchs à grand budget de chez nous.


Samedi 10 mars :

La semaine est passée très vite... Trop vite pour tous.
Ce matin visite en pirogue de la mangrove à la Somone. Les oiseaux étaient au rendez-vous : petits et gros cormorans, aigrettes, rapaces, nombreux pélicans batisés B52 , en hommage à un très célèbre lutteur sénégalais surnommé Bombardier 52. (la lutte étant le sport national) . Le vol de tous ces oiseaux a été un spectacle magnifique et reposant. Passage auprès du baobab saçré pour y déposer un coquillage et faire un voeu. Et pour finir on a déjeuné dans un resto de plage très sympathique. Le temps était plus frais, le soleil voilé. Nous nous sommes laissés bercer au son des chants doux comme des complaintes et des instruments anciens...rien à voir avec les musiques tribales des jumbés... Un bon moment de détente.
Nous sommes rentrés pour aller au match mais il a été annulé à la dernière minute . L'oncle d'Anna venait de mourir. Dans le village quand il y a un décès c'est le village entier qui pleure et qui veille. Pas question de faire la fête. Nous respectons. Nous ne retournerons que lundi et présenterons nos condoléances à la famille.
Nous avons donc eu notre après midi de libre pour faire les boutiques et quelques achats au marché artisanal (qui ne l'était pas vraiment car j'ai retrouvé des objets de côte d'Ivoire, de Mauritanie et du Burkina ) enfin ce n'est pas grave, le tout c'est de négocier et de palabrer... Et là il faut de la patience et du calme. Toujours un attroupement autour de nous pour vendre. C'est leur job, il n'y a pas trop de touristes en ce moment.
Gilbert veillant sur son "harem" n'a rien acheté mais a eu plein de petits cadeaux : un collier, 2 portes clés et autres babioles... Il s'en tire bien ! Et le soir (comme chaque soir) on se retrouve autour d'une Flag (bière locale)...enfin pas moi car après mon aventure avec le double wisky, je reste à l'eau ... Ce qui nous permet d' échanger nos impressions de la journée.


Dimanche 11 mars :

Visite de Dakar et de l'île de Gorée chargée d'une douleureuse histoire (l'île d'où partaient les esclaves pour l'Europe où l'Amérique). elle est classée au patrimoine de l'UNESCO.
Départ, avec notre voiture de location, dès le matin en direction de Dakar. Les 80 kms se sont bien passés. Pas trop de circulation le dimanche. La nouvelle déviation permet d'éviter Rufisque et ses bouchons interminables. Arrivée au port de Dakar je me suis trompée d'entrée ce qui m'a valu des palabres en dialogue de sourd avec un militaire qui faisait office de garde... Les papiers de la voiture, le permis, et blabla..."vous êtes passé par un sens interdit", "non pas de panneau", "ici c'est la sortie du port", "non c'est l'entrée", "donnes les papiers", "non je veux juste savoir où est l'entrée du port pour Gorée"...blablabla...jusqu'à l'arrivée d'un douanier qui a lui a dit de nous laisser tranquille... Ça nous a évité de lui donner 2 000 fcfa pour s'en débarasser. On a enfin trouvé la bonne entrée du port. Comme on avait 1 heure devant nous avant le départ j'en ai profité pour montrer à tous mon lieu de travail et l'hôtel où je loge lorsque je viens sur Dakar.
Retour au bateau et départ pour l'ile de Gorée : coût 500 Fcfa de parking + 5 000 de bateau par personne + 200 de taxes/p à l'état + 500 /p en arrivant à Gorée à la Mairie + 500 de visite de la Maison des esclaves au Ministère de la Culture + 2 000 de guide incontournable.... Enfin bref on se serait cru en France à payer de partout... Heureusement on s'est consolé dans un petit resto sur un plat de gambas grillés... Ben quoi il faut bien se remettre de ces émotions ! Je crois que la visite a plu à tout le monde. Atmosphère pesante dans la maison des Esclaves. Dur retour à un passage de l'histoire qui a eu pour conséquence non seulement un génocide mais surtout le retard, pour plusieurs siècles, du développement du peuple africain.
Après le tour de l'île et quelques marchands de souvenirs plus tard (impossible de faire un pas sans se faire racoler) nous sommes retournés sur Dakar pour une visite de la ville et de la pointe des Almadies où les crustacés n'attendent qu'à être dégustés. Ville très animée, bruyante, polluée mais en pleine expansion avec des différences énormes suivant les quartiers.
Après tout ça (et quelques marchands plus tard...) il a fallu penser à rentrer et traverser Dakar avant la nuit car circuler de nuit relève du défi. Raté on est parti trop tard...quelle galère... Pas de réverbère, pas de panneau indicateur, pas de visibilité, les voitures à contre sens en plein phares, les vieux camions circulent de nuit pour éviter la police. Ils roulent au pas et nous envoient une épaisse fumée noire, les gens qui traversent devant les voitures et qu'on ne voit pas car ils se confondent à la nuit (sauf quand ils ont des baskets blanches!), les zébus où les chèvres qui ne se soucient pas le moins du monde de notre présence...(et quelques marchands de nuit plus tard)...j'en avais ras le bol de conduire sous ce stress et je maudissais le foutu inventeur de voitures objet de tous les dangers. Nous sommes enfin rentrés sain et sauf à l'hôtel après 2 h de route nocturne...bien fatigués ... Nous nous sommes donc consolés devant une flag et une grosse sole grillée en pensant bien à vous tous ! Demain suite de l'aventure au village.


Lundi 12 mars :

Encore une grande journée au village où nous sommes repartis épuisés par la chaleur 40 et le monde. L'attente et les besoins sont si grands que nous sommes sollicités de toutes parts.
Ce matin nous sommes allés présenter nos condoléances à la famille Cisse d'Anna ce qui a touché tout le monde.
Nous avons été invité à visiter leur maison qui est une des plus belles du village compte tenu que cette famille est un peu plus aisée. L'étage n'est pas fini et lorsque l'on nous a ouvert une des portes du haut il y avait, dans une des futurs chambre.... Un poulailler d'une vingtaine de poules blanches engraissées pour la future Pâques ...au moins personne ne les vole ! ...on donnera la méthode à nos paysans pour se protéger des renards.
J'ai eu du mal aujourd'hui à savoir ce que chacun d'entre nous faisait tant que j'ai été absorbée par les villageois. Juste le temps de prendre quelques photos et voir si tout se passait bien.
Martine R. a continué l'aménagement de la garderie. Tout est presque fini. Elle a pris le temps de jouer avec les enfants et leur faire faire des marionettes...ils étaient adorables, leurs grands yeux émerveillés, leurs cris de joie faisaient plaisir à voir. Anne-Marie la responsable est très émue, elle dit qu'elle veut une garderie à la française. Dans les prochains jours Martine et elle ont prévu de décorer les murs. La serrure de la garderie est posé.
Des mamans que nous ne connaissions pas, sont venues visiter en demandant quand elles pourraient amener leurs enfants. Il y a vraiment une attente car cela leur permettra de travailler à l'atelier ou aux champs ou à la ville la plus proche. C'est prometteur.
Martine M. dit Ammi...(rebaptisé Fatou par mon ami Pierre) s'est occupée à jouer avec les enfants qui l'ont complètement épuisée... Pour leur échapper elle est allée visiter et parler avec les gens du village...
Puis Martine R. est retournée, accompagnée de sa nouvelle aide soignante Ammi, soigner le Chef du village qui l'attendait comme le Messie...pas très belles les plaies, l'hôpital devient nécessaire... En soignant le chef du village Martine R. a acquis non seulement sa confiance mais celle du village, c'est super.
Gilbert a été accaparé par Babacar le maçon, puis Pierre pour faire l'inventaire de ce qui reste du container... Ordi, frigos, vaisselle, machines à coudre, machine à clés...tout est fermés en attendant la fin des constructions...et enfin Joseph l'électricien qui ne l'a plus laché de la journée en disant partout "Gilbert c'est mon ami à moi" depuis que notre célèbre Gilbert lui a réparé son onduleur qui transforme le courant d'une batterie en 220 V...sauveur d'onduleur c'est pas rien, Joseph peut enfin regarder sa petite télé...eh oui les parents de Joseph ont une belle maison et une télé... C'est un notable du village ?... Non , il a simplement un job digne de ce nom (comptable) dans la carrière toute proche.
Pendant ce temps, j'essayais de ne pas couler sous le flot des paroles des femmes qui me sollicitaient pour un oui ou un non dans tous les sens. La raison de cette effervescence ? La décision des femmes du GIE de faire des "lots surprise" pour récolter de l'argent pour pouvoir aider à finir leur atelier....en quoi ça consiste ? A mettre dans un sachet divers objets et les vendre aux villageoises intéressées.
Tout avait bien commencé ... nous nous sommes toutes assises dans la Case à Santé pour trier divers cartons que j'avais amené... jusqu'au moment où chacune a voulu donner son avis sur le choix des objets et du prix... Et là "ça a gaté ".
C'est vite devenu une foire d'empoigne. Le ton à monté (leurs voix sont déjà très fortes), les cris aussi, tout se mélaient Wolof, Sérère et Français.... J'ai vite été débordée ... Je voyais passer au dessus de ma tête des pantalons et autres vêtements, des draps, des peluches, des stylos, des assiettes plastiques que nous avaient donné Walibi (le parc isérois)... Tout devenait OVNI et donc potentiellement dangereux en cas d'attérissage en pleine tête... Rajoutez à cela la chaleur et les villageoises qui se bousculaient pour acheter... Il ne me restait plus que 2 choix pour ne pas mourir assommée, étouffée ou piétinée : la fuite ou l'autorité. J'ai choisi la deuxième solution. " Stop on se calme, posé tout au sol et on s'organise " ouf je venais d'échapper à la révolution mexicaine (enfin Africaine).
On a repris tout à zéro et finalement opté pour un sac avec un vêtement, une peluche et 2 grands stylos vendu 300 fcfa (0,50 €) et gratuit pour les plus démunis.
Precision : cette somme peut paraître dérisoire pour nous mais correct au village car les petits salaires sont à 50 € par mois (c'est ce que touche notre cuisiner de l'hôtel pour 18h de travail ou présence)Les draps donné par une soeur que Martine R. connaissait, ont été vendus à part, ainsi que des tee shirts neufs et les assiettes de Walibi.
La vente a pu commencer dans un méli.mélo étourdissant, une bousculade effroyable où de nouveau je n'ai pu ni voulu gérer. Je me suis mise à l'écart pour observer ce moment exceptionnel de vie... Que j'ai de la chance de pouvoir vivre ça mais surtout d'être née dans un beau pays où on ne manque de rien ! Je les adore ces femmes si courageuses et volontaires malgré la rudesse de leur existence...les unes veulent sortir de leur conditions avec l'atelier, d'autres pouvoir offrir à leur enfants un peu de joie avec la peluche, d'autres mettre un drap sur leur lit etc. Qu 'elles sont attachantes. Pour elles, je continuerai à les soutenir, moi qui aie tout.Résultats des ventes : 100 000 fcfa (150 €) . Un record mais il en faut encore car il manque presque 1 000 €. Les femmes ont décidé de mettre à contribution toutes celles qui vont travailler dans l'atelier de couture, en leur demandant 1,5 € , somme importante. Elles sont environ une centaine. Elles espèrent pouvoir encore récolter 150 €. On verra enfin de semaine. Mercredi j'ai demandé une réunion avec le comité de développement pour faire le point sur la contribution du village, à rajouter à celle des femmes, et voir ce qui manquera encore pour finir les travaux.
Le maçon donne sa main d'oeuvre ainsi que le menuisiersn compensation de quelques outils quinétzient dans le container... Et bonne nouvelle, mon client de la carrière m'a appelé, il leur donne 2 camions (soit 48 tonnes) de sable pour faire le ciment des dalles.
Les femmes poussent et en veulent aux hommes de ne pas avoir tenu leurs engagements pour la fabrication des briques. On assiste parfois à des règlements de comptes. Je crois qu'ils ont compris.Ils se sont engagés à finir leur atelier.
Le fait d'être venu à plusieurs a contribué à faire accélérer les projets car chacun et chacune d'entre nous a pu s'occuper de choses différentes et mobiliser plus de personnes au village. Beaucoup de villageois nous remercient sans cesse... Le fait que Gilbert a travaillé avec eux sur le chantier a beaucoup géné voir humilé, les hommes qui ont eu honte de voir un "blanc" relever les manches pour leur village. Il y a eu prise de conscience. C'est bien...jusqu'à quand ? On verra quand on sera parti... Mais moi je ne vais pas les lâcher... Jeanne, Anna, Thérèse, Marie et toutes les autres attendent.


Mardi 13 mars :

Retour au village. On a de nouveau rencontré l'Abbé Richard et le Curé Charles pour leur expliquer ce que nous avions fait ainsi que les projets en cours. Leur soutien est incontournable (malgré mes réticences) car le village est parfois divisé sur certaines choses. Il faut les rassembler et comme le curé est celui "qu'ils écoutent" il pourra suivre les projets (sans faire d'ingérence comme il nous a dit) et les encourager. Il nous a beaucoup remercié pour nos actions.
Concernant la garderie, elle est ouverte chaque matin de la semaine. Les parents payent 1,5 € par mois. Il y a une dizaine d'enfants. Il faut savoir que Anne Marie est payée par la mission catholique (37 € par mois). Aussi nous avons suggéré de faire payer la garderie en fonction des revenus et ainsi pouvoir augmenter les heures et le salaire d'Anne Marie. La garderie doit pouvoir payer son employée ce qui n'est pas le cas actuellement. Lorsque l'atelier de couture sera ouvert peut être que le nombre d'enfants augmentera.
Joseph a commencé de repeindre la case à santé. Il est vraiment très serviable. Anna est ravie. On verra le résultat demain.Comme elle ne pouvait donc pas travailler nous lui avons proposé de l'emmener avec nous au Lac Rose.
Belle ballade haute en couleur : le lac était d'un rose foncé pour passer en fin d'après midi au violine, ses particules de sel scintillants comme des milliers d'étoiles, ses cultures de légumes très vertes arrosées ici et là par des porteurs d'arrosoirs (pas de tuyaux d'eau). Ces hommes, pieds nus pour certains, 2 arrosoirs en main, sous cette chaleur écrasante, forçaient le respect. L'eau est puisée dans des trous servant de réserve. Afrique ta terre blanche parfois rouge, tes villages héteroclites, ton soleil brûlant 38° , tes habitants chaleureux ont enchanté nos coeurs.


Mercredi 14 mars :

Avant de passer au village, nous nous sommes arrêtés à la carrière. Nous sommes repartis de chez Sodevit avec un camion de 24t de graviers. Quand il est arrivé au village c'était assez impressionnant. La maçon l'a fait vider près du chantier. Le deuxième camion sera livré dans quelques jours. La case à santé a été peinte, un peu moins bien faite que la garderie mais bon c'est toujours mieux que ce que c'était. Ammi et Anna se sont mises au tri des affaires du placards. Que de vieux cahiers et divers à brûler. Jeanne et d'autres femmes ont trié des vêtements et des peluches pour les familles défavorisées qui ne peuvent rien acheter.
Martine est allée dans la garderie. Elle a donné plein d'idées de travaux manuels à Anne-Marie à faire réaliser par les enfants. Il reste encore beaucoup de choses à ranger et à trier mais Anne Marie fera cela tranquillement.
3ème soin au Chef du Village. Ses plaies vont un peu mieux mais l'hôpital s'impose. Il a fallu en parler à toute la famille car il refuse d'y aller.
La fatigue commence à se faire sentir par tous, la chaleur nous épuise et les palabres continuelles aussi. Ce midi nous n'avons pas eu le temps de déjeuner.
Gilbert s'est occupé de ci de là (réparation des vélos, visite aux habitants du village, réunion...)Quant à moi après la carrière, j'ai emmené Hélène au marché de Thies pour acheter des denrées alimentaires pour avoir un stock de 3semaines. Ceci pour lui permettre de développer son petit commerce de vente de sandwichs, soupes et autres, aux chauffeurs passant la nuit sur la route. Sa cuisine est très appréciée et sa clientèle augmente, il lui fallait donc un peu plus de stock.
Reste à lui faire un petit abri pour éviter le vent ou la pluie. J'ai demandé à son mari Pierre de faire le nécessaire. On verra si c'est fait lors de mon prochain passage.
Sur le chemin nous avons bien discuté de la condition des femmes au Sénégal et elle m'a dit que les hommes les "fatiguaient beaucoup" car elles travaillaient beaucoup et que les hommes se reposaient souvent. Les jeunes filles ne sont pas pressées de se marier. Quand elles ont un mari gentil ça va encore mais certains sont violents car ils boivent ou se droguent pour échapper à leurs conditions. J'ai eu l'impression d'entendre ma grand mère à l'époque après guerre chez nous où beaucoup d'hommes buvaient des litres de vin rouge pour oublier la dureté du travail ou la misère.
En début d'après midi, deuxième réunion avec le comité, le maçon et Jeanne pour l'atelier et voir comment continuer les travaux. Encore quelques règlements de compte entre les hommes sur les erreurs commises. Après avoir mis de l'ordre dans cette pantalonnade, nous avons pu avancer sur la participation du comité pour acheter les matériaux manquants.
En refaisant le point il manque 1 500 € + la main d'oeuvre 400 €. Entre la participation des femmes et du comité il sera possible d'avoir 700 €.
Il faut donc lancer une particpation supplémentaire auprès de chaque habitant. Lundi les femmes ont rendez-vous avec un patron de carrière pour avoir des briques et une aide financière.
De mon côté je vais essayer de contacter un de mes clients pour les sacsde ciment.Pour la main d'oeuvre le comité va demander l'aide des autres maçons sur le principe du bénévolat. Mais ce n'est pas gagné. Sinon il faudra payer Babacar.Je les laisse gérer. Il faut aussi qu'ils se prennent en charge.
On va dans les 2 prochains jours se reposer un peu et faire du tourisme. Nous y retournerons samedi... Et se sera le dernier jour pour le groupe. Retour en france dimanche (sauf moi qui reste encore une semaine pour travailler chez mon concessionnaire).
Nous sommes satisfaits car un bon nombre d'actions a été mené durant ce séjour et surtout des liens avec les villageois se sont tissés avec le groupe. La vision de chacun ne sera plus pareille car une expérience si intense ne peut pas laisser indifférent. Beaucoup d'images, de questions encore en suspens, de souvenirs, d'odeurs, de couleurs, de sentiments, d'émotions.... reviendront tout au long de la vie de chacun.
J'en suis très émue car mon objectif est atteint....leur faire partager ce que j'ai la chance de vivre très souvent et surtout leur faire aimer le village pour continuer à l'aider.


Suite très prochainement !!

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